52 femmes entrepreneuses – Nathalie Birault, créatrice d’Odiora

Nathalie Birault, fondatrice d’Odiora

Dans ce projet, je suis subjuguée chaque semaine par les rencontres que j’ai la chance de faire. Les femmes que je rencontre sont talentueuses, inspirantes, chacune à sa manière.

Nathalie fait partie de ces femmes qui ont décidé d’entreprendre pour répondre à une mission de vie. Elle crée sa marque de bijoux Odiora, dans le but d’offrir de la confiance en soi aux personnes malentendantes et de rendre visible la surdité dans l’espace public. Elle a voulu des bijoux plein de sens. C’est ainsi que ses créations sont pleines de messages secrets, de subtilité et d’asymétrie.

52 Femmes Entrepreneuses - Odiora, Nathalie Birault

Entreprendre pour faire passer son message

Loin de s’imaginer entrepreneuse dans son enfance, Nathalie découvre sa surdité à 70% à l’adolescence. Depuis, elle n’a eu de cesse de la comprendre. Au fil des années, elle s’est adaptée, affinant sa maîtrise de la lecture sur les lèvres pour pouvoir continuer à communiquer.

Elle se dirige en section scientifique pour s’orienter vers le métier d’audioprothésiste.

Avec son bac S en poche, elle tente de s’inscrire à la faculté, mais ses dossiers sont refusés par les visites médicales.

Quand le handicap devient force de création

La rage au ventre, Nathalie souhaite continuer sa voie, se réinvente et réussit le concours d’entrée des l’Ecole des Beaux Arts dans un parcours nommé « communication visuelle », plein de sens à ses yeux.

Durant ces 5 années, elle a exploré différents supports, appris à transmettre des messages grâce à l’art. Elle clôture ce cursus par un mémoire sur le silence, où elle a eu l’occasion de faire un documentaire sur le réglage des implants cochléaires.

A la suite de ses études, elle se fait embaucher dans une société d’assurances dans un poste où avec son handicap, on lui fait photocopier des archives. Elle parvient progressivement à obtenir la responsabilité de nouvelles taches et notamment de communication pour promouvoir les compétences des salariés, puis en tant que webmaster.

Dans cette nouvelle mission, Nathalie devait harmoniser les communications de 13 sociétés. Mais installée au sein d’un open-space, elle a de plus en plus de difficultés à supporter le bruit, ne comprenait plus les réunions et en est arrivée à faire un burn-out.

A la recherche de sens, elle expérimente la sophrologie, l’art-thérapie, détourne au début machinalement des fils de fers pour en faire de jolies boucles d’oreilles.

Nathalie était angoissée à l’idée de se faire opérer, mais sa surdité s’aggravant, elle s’est résignée à se faire poser deux implants cochléaires. Durant le mois de cicatrisation, elle découvre un monde oppressant de sons intérieurs. Elle n’accepte pas ses appareils, et cherche un moyen de faire s’adoucir le regard des autres.

Rendre visible l’invisible

C’est lors d’un séjour à Tahiti qu’elle découvre une culture chaleureuse, la fleur de tiaré. Ce lieu l’inspire et Nathalie customise son appareil en l’ornant d’une fleur de tiaré. C’est sa manière à elle de parler de sa surdité, de rendre visible ce handicap invisible, de manière élégante.

Peu après sa propre implantation cochléaire, Nathalie a eu le déclic d’entreprendre le jour où elle a offert une fleur pour orner son appareil à une jeune fille sourde. Nathalie se rappellera toute sa vie des étoiles dans les yeux de cette enfant, et sait désormais ce qu’elle peut apporter à d’autres personnes malentendantes grâce à ses bijoux.

S’entourer pour voir plus grand

Nathalie s’entoure d’associations et d’incubateurs pour créer Odiora. Elle intègre Ronalpia qui accompagne les projets de vie à impact social, et remporte de nombreux concours dont celui de la fondation Banque Populaire. Elle bénéficie grâce à la Fondation d’un financement de 10.000€/an pendant 3 ans.

Ce financement lui sert à présenter Odiora au Congrès des Audioprotésistes de Paris, construire son réseau et se lancer dans la fabrication et la diffusion de ses bijoux auditifs. Nathalie a rapidement identifié la force d’être entourée pour entreprendre.

Elle adhère au Village des Créateurs, et vend ses créations sur des marchés, où l’accueil de son concept innovant est bon, bien que tout le public ne soit pas appareillé. Les audioprothésistes sont dans un premier temps frileux pour lancer la distribution, face à un produit alors complètement nouveau.

Se battre contre vents et marées

Le Covid arrive, et pour lutter contre l’isolement, Nathalie crée un prototype de masque transparent, le « Masque Sourire », qui lui permettra de poursuivre à lire sur les lèvres. Elle exprime sur les réseaux sociaux son besoin de ce type de masques pour continuer à pouvoir vivre en société.

Après plusieurs difficultés, notamment d’homologation, la fondation pour l’audition lui indique que ce masque peut servir à beaucoup de monde et en commande 5000. Nathalie forme alors des couturières professionnelles à la réalisation de ces masques, dans des ateliers favorisant l’emploi de personnes en situation de handicap, en région lyonnaise.

Au bout du compte, ce seront plus de 80.000 masques transparents qui auront été produits et livrés en France et partout dans le monde, et qui auront servi dans les crèches, écoles et pour l’hôtellerie notamment.

Après la pandémie, Nathalie reprend la création de ses bijoux. Elle les crée, et forme des ateliers de réinsertion pour personnes porteuses de handicap, cette fois à l’assemblage de ses bijoux.

Partager sa raison de vivre

Pour gagner en crédibilité, Nathalie va alors monter une société, pour démontrer qu’elle est capable de créer de grandes séries de ses produits. Elle s’associe en 2019 avec un directeur de développement qui lui apporte sa vision et son expérience pour améliorer sa chaîne d’approvisionnement.

Elle lève des fonds en 2020, grâce à un business angel conquis par son projet.

Progressivement, Odiora grandit. Nathalie apprend à recruter. Elle travaille avec des personnes porteuses de handicap et sensibles à sa cause. Nathalie se rapproche des audioprothésistes, qui partagent le souci du bien-être des personnes appareillées, et l’aident aujourd’hui à faire connaître ses bijoux.

Nathalie continue aujourd’hui de faire grandir son entreprise et ses valeurs humaines, en proposant notamment des collections de bijoux personnalisables par et pour chaque cliente, appareillées ou non !

52 Femmes Entrepreneuses - Odiora, Nathalie Birault, sur le pont

Cet article vous a aidé ? Partagez-le !